6.11.10

Confessions d'un vieil admirateur de mérous enrhumé

Oublions les requins. Aujourd'hui nous parlons de mérous. J'aime les mérous: ce sont des grands poissons qui ne sortent jamais de leur cachette - une grotte sous-marine, la cabine d'un navire naufragé, une caisse placée au fond de la mer à cette seul fin. Les mérous ne bougent point et ils sont lents; ils requièrent du temps, beaucoup de temps.

Aujourd'hui j'ai vu un mérou bouger: il est même allé, figurez-vous chez une agence de voyages acheter un billet les îles. Les mérous ont énormément de patience; elle est, d'ailleurs, légendaire. Les mérous. L'humanité ne saurait vivre sans. J'ai aussi vu une femme qui avait des seins gros comme deux vieux mérous; elle voulait visiblement qu'ils bougent, les donner en nourriture à un requin (les mérous sont l'opposé des requins, tellement opposés qu'ils deviennent complémentaires et ne savent vivre les uns sans les autres. Oublions les requins). Les mérous aiment la discrétion, le temps, l'immobilité: leur vie est leur espace et leur espace est leur vie. C'est enviable, la possibilité d'ainsi mélanger l'espace et la vie, de n'en faire qu'une entité.

Les mérous ont de grosse lèvres qu'ils n'ouvrent que lorsqu'ils ont quelque chose à dire: vous ne trouverez jamais de mérous à  la télévision, par exemple. Les mérous sont exemplaires: ils ne peuvent regarder en arrière; ils n'arrivent pas à faire demi-tour.  Les différentes parties de leur corps ne se meuvent jamais ensemble, ce qui est preuve de sagesse.

Les mérous ne sont suffisamment mis  en valeur dans la littérature. J'espère que cette courte pièce contribue tant soit peu à pallier cette injustice. 

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Não prometo responder a todos os comentários, mas prometo que fico grato por todos.